La voiturette du rémouleur était un engin bizarre,
bringuebalant,
fait de poulies, de roues et de courroies
. Une bâche, tendue en toit,
permettait à son utilisateur de défier les intempéries.
Sur la route, l'homme s'attelait aux brancards et tirair à la bricole.
Parfois, il se faisait aider d'un chien.
Parvenu sur la place du village, à l'ombre des tilleuls en été.
à l'abri d'un pignon en hiver,
le rémouleur s'installait.
Il posait une planche sur les brancards,
il s'asseyait dessus et il lançait la machine.
Le mécanisme était actionné par une pédale.
Une boîte de conserve percée distillait les gouttes d'eau qui mouillaient la meule.
Le crissement de l'acier sur la pierre avertissait la clientèle.
L'une apportait ses ciseaux
l'autre, ses couteaux
et le coupe-choux de son homme,
une troisième,
sa faucille,
sa hachette ou sa pique à boudin.
L'endroit devenait vite le rendez-vous des commères
QUI, dans l'attente de leur tour, profitaient du
repassage des lames pour s'aiguiser la langue.