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Dans ce hameau, il n’y avait ni cloche, ni horloge, ni sirène.
Mais chaque jour, à seize heures précises, un bruit discret fendait le silence : celui d’un seau qu’on tirait du puits.
C’était Louise.
On la voyait rarement.
Elle vivait seule, à l’écart, dans une petite maison près du vieux puits.
À seize heures, elle sortait.
Elle tirait lentement un seau d’eau.
La corde grinçait. L’eau clapotait. Le métal cognait la pierre.
Puis elle rentrait.
C’était tout.
Mais ce bruit-là, on s’y était habitué.
Il avait quelque chose d’apaisant.
Comme un souffle régulier.
Comme un repère invisible qui disait que tout allait bien.
Un jour, le bruit ne s’est plus fait entendre.
Ni le lendemain.
Ni les jours d’après.
Le puits est resté muet.
Quelqu’un est allé voir.
Louise était partie, paisiblement, dans son sommeil.
Chez elle, tout était en ordre.
Le seau, vide, retourné.
Le lendemain, à seize heures, un vieil homme s’est avancé.
Il a tiré un seau d’eau, sans en avoir besoin.
Il l’a rempli, puis reposé doucement.
Et le bruit est revenu.
Depuis, chaque jour, à la même heure, quelqu’un vient.
Jamais la même personne.
Parfois une femme. Parfois un enfant. Un voyageur, peut-être.
On ne parle pas.
Mais on continue.
Le grincement.
Le clapotis
Le geste.
Ce n’est ni une coutume, ni un rituel. C’est simplement ce que faisait Louise.
Et ce que l’on perpétue.
Parce que, dans ce petit bruit régulier, on entend encore :
« Je suis encore là. »
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