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22 Février 2014
Depuis l'Antiquité,
les femmes utilisent différents dispositifs pour soutenir leur poitrine : apodesme ou strophium, mastodeton, sangles, mamillare, brassières, bandeaux, corsets et corselets. Ces mêmes dispositifs ont répondu aussi, selon les périodes, à d'autres objectifs, de modeler la silhouette, de mettre en valeur la poitrine, de faciliter les mouvements ou l'exercice sportif, mais aussi de prendre en compte les convenances, touchant au monde de l'intime, voire de l'érotisme ou de la morale1.
Comme d'autres pièces de la lingerie, l'apparence peut prendre le pas sur le confort dans la conception du soutien-gorge2.
Le soutien-gorge,
comme les autres sous-vêtements, joue un rôle déterminant dans la relation entre le corps et les vêtements, et dans la transformation du corps naturel en un corps culturel, un corps reflet de la société2
Sous le traditionnel chiton, la femme de la Grèce hellénistique (-400 à -100) porte une tunique en lin recouvrant plusieurs systèmes composés de bandelettes pour contrôler la morphologie féminine5. Pour gommer la féminité en aplatissant lapoitrine et les hanches, elle porte l’apodesme, un bandage formant une ceinture sous la poitrine pour la maintenir. Il se porte indifféremment sur le chiton ou directement au contact de la peau6. Pour dissimuler les hanches et le ventre, elle utilise lezona, une bande abdominale. Les jeunes filles portent le mastodeton, un mince ruban ceignant la poitrine pour empêcher le développement du sein7. La silhouette de la femme grecque est volontairement androgyne et témoigne du goût des Grecs anciens pour les femmes aux seins peu développés. Certains médecins iront jusqu'à proposer des traitements pour empêcher le développement du buste8.
L'origine du soutien-gorge dans son acception « moderne » reste discutée11. Parfois appelé « gorgerette » ou « maintien-gorge », le terme « soutien-gorge » apparaît en 1904 dans le dictionnaire Larousse12 et en 1912, sous le nom de « brassiere », dans l'Oxford English Dictionary5. Son diminutif, « bra », ne sera pas utilisé dans les pays anglophones avant 19375.
Un premier prototype de soutien-gorge est breveté en 1859 à New York par Henry S. Lesher13. Cet ancêtre du soutien-gorge présentait des défauts de conception qui le rendaient inconfortable14
Le 27 juin 1889, Herminie Cadolle présente lors de l'exposition universelle de Paris le premier soutien-gorge moderne sous le nom de Bien-être. Il s'agit d'un corset coupé en deux sous la poitrine, plus confortable pour les femmes. Cependant, ce modèle est encore lié à un corset et présente des problèmes de maintien. Commercialisé en France, il fut peu remarqué15,5,16.
En mars 1893, aux États-Unis, Marie Tucek dépose le brevet d'un dispositif nommé Breast supporter composé d'une « poche » pour chaque sein et d'un système de bretelles maintenues à l'aide d'œillets et d'agrafes17. Ce modèle ressemble beaucoup au soutien-gorge à balconnet moderne. Porté par quelques amies de Marie Tucek, ce sous-vêtement fut également un échec commercial
En 1913, Mary Phelps Jacob crée un soutien-gorge séparant les deux seins20. Elle revend le brevet pour 1 500$ (aujourd'hui, environ 25 600$), en 1914, à la société Warner Brothers Corset Company domiciliée à Bridgeport dans le Connecticut5. Au même moment, Rosalind Kind invente un soutien-gorge composé de deux triangles croisés devant et dans le dos5.
Le soutien-gorge a progressivement remplacé le corset au tournant des xixe et xxe siècles sous la pression des idées féministes et hygiénistes. Déjà en 1762,Jean-Jacques Rousseau, dans Émile ou de l'éducation, condamne « l'usage de ces corps de baleine » qui coupent la femme en deux « comme une guêpe ». Le soutien-gorge ne connaîtra pourtant un véritable essor qu'à la fin des années 1920.
En effet, à la silhouette en « S » qui pousse la poitrine vers l'avant, les hanches et les fesses vers l'arrière, en vogue dans les années 1880-1905, succède une ligne plus fonctionnelle, adaptée aux besoins de l'époque, distillée pas les couturiers Paul Poiret,Madeleine Vionnet ou Nicole Groult. La silhouette revêt alors des formes proches de celles de l'Empire avec une taille haute, une poitrine effacée et des hanches étroites5. Amplifiée par la Première Guerre mondiale et les « garçonnes » des « années folles », la mode est alors aux petites poitrines, ce qui retarde son adoption au profit des gaines et des corsets « souples »
Les premiers soutiens-gorge étaient en lin avant d'être fabriqués, à partir des années 1920, en soie, mousseline ou en batiste.
Dans les années 1930 apparaît la rayonne qui permet d'ouvrir la voie vers les soutiens-gorge actuels, même s'ils restent onéreux et peu adaptés aux différentes morphologies féminines15.
La première véritable évolution est attribuée aux trois frères de la société Warner (États-Unis) qui mirent au point un tissu extensible, mais surtout qui affinèrent les tailles de bonnets en proposant des tailles allant de A à D et qui remplacèrent les bretelles en tissu par des bretelles élastiques15.
D'autres innovations suivront comme le Very secret après la Seconde Guerre mondiale en nylon et muni de coussinets gonflables. En 1943, Howard Huguescrée un modèle de soutien-gorge à armatures renforcées et sans bretelles qui rend les seins pointus pour les besoins du film The Outlaw dans lequel apparaîtJane Russell14. En 1956, Lejaby présente le soutien-gorge pigeonnant. Puis, dans les années 1960, Playtex crée Cœur croisé, le premier soutien-gorge à armatures non métalliques15.
La révolution sexuelle des années 1970 marque un autre tournant ; brûlé en place publique, le soutien-gorge doit être fonctionnel, confortable et éloigné de toute connotation sexy15.
Bénéficiant des avancées technologiques en termes de fibres textiles, le soutien-gorge actuel allie généralement fonctionnalité et séduction.
Certaines femmes refusent l'usage du soutien-gorge, le jugeant inconfortable et inutile à empêcher la chute des seins21. Une étude menée sur 330 femmes pendant 15 ans semble confirmer les avantages du non port du soutien-gorge : les mamelons remontent de 7 mm par an par rapport à l’épaule, la poitrine aurait tendance à se raffermir et les vergetures à disparaître22. Certains courants féministes le refusent également, jugeant le soutien-gorge instrument d'oppression et de souffrance infligée au corps des femmes.
Certains groupes religieux et politiques interdisent le port du soutien-gorge. En 2009, en Somalie, les Shebab ont fouetté en public plusieurs femmes qui portaient ce sous-vêtement23